jeudi 1 janvier 1970

Confluent Seine-Yonne : Arrêté du 2 octobre 1945

Confluent Seine-Yonne

Signalement :
ID 5347
Nom courant Confluent Seine-Yonne
Nom officiel Petite place formant éperon au confluent de la Seine et de l'Yonne et sol de la route rejoignant les deux ponts
Statut site inscrit
Créé(e) par Arrêté du 2 octobre 1945
Situé(e) à Montereau-Fault-Yonne (77305).
Superficie 0,6 ha
Ouverture au public oui

Exposé des motifs :
La protection a été décidée en application de la loi du 2 mai 1930 pour son caractère pittoresque.

On lit dans le dossier d'archives :

La mesure de protection de cette place boisée aura, en outre, pour but de donner droit de regard aux Beaux-Arts sur la reconstruction des deux ponts démolis devant se rejoindre comme les précédents en ce lieu. Le respect et l'harmonie du site pourront ainsi être contrôlés. Des ponts mal conçus compromettraient l'intérêt pittoresque d'un grand ensemble dont la butte de Surville, proposée à l'inscription, forme l'élément principal.

Identité :
"Ville antique au confluent", rencontre de l'Yonne avec la Seine, ou bien de la Seine avec l'Yonne, certains allant jusqu'à traiter de sénons nos parisiens. La ville est d'origine très ancienne, le site de Pincevent a révélé l'existence de trois foyers magdaléniens et Surville, celle d'habitats et sépultures du Néolithique. Le lieu a été nommé "Condate", confluent, par les Romains. Montereau est un dérivé de "Monasteriolum" ou "Monasterium" - monastère élevé au VIe siècle, auquel il sera adjoint par la suite "fault-Yonne", signifiant à la fourche de l'Yonne que les encyclopédistes écriront "faut" et les fabricants d'annuaires "fault". Le pont sera très vite un point stratégique par où le commerce des provinces de Brie, Champagne, Gâtinais, et Bourgogne s'acheminera. Le château de Montereau était au confluent, octroi au milieu du pont. À privilèges, guerres obligent et faits historiques découlent. Afin d'examiner les conditions d'une réconciliation, le 13 janvier 1419 se tint l'entrevue, à la confluence des fleuves, du Duc de Bourgogne - le Jean sans Peur - avec le dauphin, futur Charles VII, alors de seize années tout juste. "Et lors vinrent à l'encontre de lui [le duc] trois de ses gens [du dauphin]...- Venez devers monseigneur, il vous attend çi devant le pont... [le duc] entra en la première barrière... passa outre la seconde barrière, laquelle fut tantôt fermée à clef, après que lui et ses gens fussent dedans... [une fois devant le dauphin] s'approcha d'autre côté messire Tanneguy du Châtel... qui férit ledit duc d'une petite hache... et quand ledit duc se sentit féru, mit la main à son épée pour la tirer, et se cuida lever pour lui défendre ; mais incontinent, tant dudit Tanneguy comme d'aucuns autres, fut féru plusieurs coups et abattu à terre comme mort" relatent les Chroniques d'Enguerrand Monstrelet, cité par Jean-Marie Pérouse de Montclos. Le cinquième pilier de la nef de la collégiale Notre-Dame expose l'épée de Jean sans Peur. Érigée le 18 août 1867 pour rappeler le passage et surtout la victoire en 1814 de Napoléon contre les Austro-Wurtembourgeois, une statue équestre sied entre les deux ponts, monture résolument tournée vers l'est, l'empereur un regard vers la colline Saint-Martin. En sa façade sud, la stèle comporte la fameuse devise "- Ne craignez rien mes amis, le boulet qui doit me tuer n'est pas encore fondu" et une scène illustrant l'empereur durant la bataille. Le bas-relief nord relate les aventures du "brave Pajol à la tête de sa cavalerie, culbuté dans la Seine et l'Yonne".

État des lieux :
Du château ancien ne subsistent que quelques pierres et la restauration en cours n'envisage pas le retour d'un nouvel octroi, rassurons-nous, plus de péage ! Sur la rive droite de l'Yonne, une escale portuaire enjolive la continuité du site. Les arbres de l'après-guerre ont totalement cédé la place à la statue de l'empereur. Une petite esplanade pavée de granit invite à en faire le tour. La stèle souffre de nombreuses gélifractures et a été endommagée par des bombardements qui semblent bien rappeler l'assaut de "Wurtemberg". De gros efforts ont été consenti pour supprimer les réseaux aériens sur les ponts, alors que les festivités contemporaines laissent, trop souvent, un câblage pour le moins inesthétique. Des saules ont été planté en contrebas de la place - carrefour de l'Europe - où la route départementale 411 rejoint sa compagne la 403. Ils sont souvent dégradés, ce qui leur confère un aspect souffreteux et l'ensemble constitue un très haut-lieu des défécations canines. Il importe d'être bon voyant pour atteindre et saluer l'union des deux fleuves.

Orientations pour la gestion à venir :
Il serait du plus heureux effet de verdir la sente tournante des bords de l'eau, ou bien de la poursuivre par un pavage en continuité avec la partie haute et de suivre avec attention l'évolution des plantations (blessures du tronc des saules par les tuteurs). Le câblage indésirable pourrait disparaître en dehors des jours de fête. Poursuivre l'information du public pour son enrichissement culturel par les placards discrets mais visibles, en appelant la gent canine -- et ses maîtres -- à plus de citoyenneté.